Oscar est un guide de haute montagne. C'est aussi l'une des rares personnes à avoir gravi, sans oxygène, les quatorze sommets de plus de huit mille mètres. C'est un exploit. Surtout lorsqu’on sait que Oscar avait plus de soixante ans lorsqu'il a gravi les deux derniers. Certains essaient, peu réussissent et d'autres perdent la vie en cours de route.
J'ai lu quelques-unes des publications qui racontent ses succès. Deux leçons peuvent en être tirées que nous pouvons appliquer au monde professionnel : l'importance de la préparation et l'importance de savoir réagir à l'imprévu. Cela semble une lapalissade. J'ai beaucoup écrit sur ces aspects dans mes guides et topoguides. Cependant, Oscar va beaucoup plus loin : il nous dévoile les clés de l'importance de la préparation et de l'importance de savoir réagir à l'imprévu pour survivre dans des situations extrêmes.
Bien sûr, une expédition à un sommet de plus de huit mille mètres est soigneusement préparée. La logistique, la condition physique, la connaissance des conditions externes (principalement climatiques) et l'organisation sont essentielles.
Ce que j'ai découvert en lisant ces publications, c'est que ces éléments ne suffisent pas. Vous devez préparer, pratiquer, mémoriser des aspects encore plus importants. À cette altitude, le cerveau n'a pas assez d'oxygène pour maintenir un raisonnement fiable. Il est donc essentiel d'avoir pratiqué certains aspects pour qu'ils deviennent des réflexes. Par exemple, le plus dur de ces défis n'est pas d'atteindre le sommet, mais d’en redescendre sain et sauf. Par conséquent, il est essentiel de ne pas rester au sommet et d’en partir le plus tôt possible. C'est-à-dire, il s’agit de savoir parfaitement comment prendre la photo demandée pour les sponsors et entamer la descente au plus vite (tout cela en quelques minutes). Surtout, il convient de ne pas succomber à la tentation d'admirer la vue, de se reposer après l'ascension ou de commencer à manger. Le risque de ne pas commencer immédiatement la descente est de perdre la vie. Ce fut le cas de deux Hongrois croisés au sommet par Oscar qui, une fois qu'ils avaient atteint le sommet du Kangchenjunga (8586 m), ont quitté les anoraks et sont restés à se reposer par moins de 20 °C. Ils ne sont jamais revenus.
Le point clé, en plus de bien préparer l'expédition, est d'avoir pratiqué les tâches essentielles à faire au sommet jusqu'à ce qu'elles deviennent un réflexe pour éviter d'avoir à utiliser le raisonnement.
Comment pouvons-nous appliquer cette leçon au monde professionnel?
Bien que rarement, il soit question de vie ou de mort, vous pouvez identifier les aspects à travailler et pratiquer jusqu’à ce qu’ils deviennent des réflexes en situation critique. Par exemple, que dire pour conclure une vente, quelle question poser lorsqu’un client est en colère ou comment réagir à une objection d'un client potentiel ?
Il est essentiel d'avoir pratiqué certaines routines jusqu'à ce qu'elles deviennent des réflexes pour surmonter les moments critiques.
L'autre leçon d'Oscar permet de comprendre comment développer sa réactivité.
En haute altitude, tout changement de contexte (changement de temps, chutes de pierres ou de glace, maladie d'un membre de l'équipe, perte de matériel) doit être pris en compte. Vous ne pouvez pas et ne devez pas continuer avec les plans initialement définis si les conditions ont changé. La persistance est dangereuse. Le risque ici est également de perdre la vie. Comment Oscar a-t-il réussi à développer cette capacité ? Tout d'abord, en maintenant une observation permanente de l'environnement pour sentir tout changement à prendre en compte et, surtout, en gardant une parfaite connexion à lui-même pour garantir la concentration essentielle pour atteindre le sommet en étant conscient de toute perturbation ou motif d’inquiétude. C'est ce qui est arrivé à Oscar lors de son expédition au Manaslu (8163 m). Il était inquiet pour sa fille qui avait décidé de redescendre au camp de base. Conscient du fait qu'il allait manquer l'occasion d'atteindre son but, Oscar était également conscient que le souci pour la sécurité de sa fille pouvait le décentrer et pour autant il prit la décision de retourner au camp de base avec elle.
Comment appliquer cette leçon au monde professionnel ?
Bien que, bien sûr, en général, il ne soit pas question de vie ou de mort, vous pouvez perdre beaucoup si vous ne vous concentrez pas sur l'environnement. Cela est possible que si vous êtes bien avec vous-même. Vous pouvez perdre une relation que vous avez créée, vous pouvez perdre la confiance d'un client, vous pouvez perdre une occasion de vendre.
Être connecté avec soi-même est la clé pour être en mesure de se connecter avec votre environnement.
Merci, Oscar Cadiach, pour ces leçons et félicitations pour les exploits !